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![]() | PARRAINAGE / MARRAINAGE NORMALIEN Retour d'expérience d'une marraine normalienne En mars 2022, une première expérience à été menée à l'école des Neuveries à Gif-sur-Yvette. Eva Thuillier & Edith Turpyn ont animé deux séances dans 2 classes de CM1-CM2 sur le thème de la découverte du monde microscopique. "Certaines élèves, encouragées par l’image féminine de la recherche que nous leur avons donnée, ont formulé leur souhait de devenir des scientifiques. J’en ai été très touchée. Sensibiliser les élèves lors de telles actions de marrainage c’est leur donner une chance à tous de découvrir ce qu’est la recherche, leur donner un aperçu concret de ce domaine professionnel et qui sait, peut-être même provoquer des vocations chez certains d’entre eux. " Edith Turpyn, normalienne et marraine |
Voici le témoignage complet d'Edith Turpyn, normalienne et marraine :
" Lors du marrainage, Eva et moi étions toutes deux en 2e année de diplôme, en Master 1 de Biologie-santé. J’ai d'abord suivi un cursus universitaire de deux ans (licence 1 et licence 2) en Île-de-France, avant d’intégrer l’École Normale Supérieure de Paris-Saclay sur dossier. J’étudie la biologie et plus particulièrement la biologie santé. Je suis actuellement en 3e année de diplôme de l’ENS en M2R de physiopathologie humaine.
Une vraie mobilisation
L’école primaire des Neuveries s’était montrée tout de suite intéressée par la mise en place de ce projet. C’est la première fois qu’un tel projet se faisait et il a fallu le construire de novo avec l’aide de l’administration et de la présidence de l’ENS Paris-Saclay, ainsi qu’avec le corps enseignant du département de Biologie. Madame Péris-Delacroix, responsable d’enseignements de microbiologie et de stages pédagogiques, nous a grandement aidées dans le choix des expériences à réaliser avec les classes de CM1 et CM2. Elle a d’ailleurs également animé un atelier d’observation de cultures bactériennes dans nos salles de TP lorsque les élèves sont venus visiter l’École
Liberté de conception
Nous avions pour ainsi dire carte blanche. Le projet s’est construit comme un puzzle, petit à petit, pièce par pièce. Pour le choix du thème, nous avions défini ce qui nous paraissait important avec Eva : un sujet ancré au quotidien des élèves et à l’actualité, qui permette la mise en place d’expériences originales que les élèves n’ont pas l’occasion de faire à l’école ou chez eux et le tout avec un matériel simple et transportable. C’est pourquoi nous avons pensé au monde microscopique, nous permettant d’aborder avec les élèves des sujets comme les levures alimentaires que l’on retrouve dans leur repas de tous les jours et les virus, tristement d’actualité. Nous avons créé un livret pour laisser aux élève un support écrit, trace de notre visite.
Des actions concrètes avec les enfants
Ces deux séances ont été organisées de manière similaire à l’école primaire : une présentation interactive et un "brain storming" autour du thème du jour, suivis d’une partie manipulation en groupe de 4 ou 5 élèves. La séance se clôturait après un échange autour de ce que nous avions réalisé.
La première séance avait pour thème les levures de boulangerie et la seconde les microorganismes du fromage. Les enfants ont pu observer des levures au microscope et comprendre le principe d’expérience témoin. Nous avons également réalisé une expérience permettant la visualisation de la libération de CO2 par les levures lors de la fermentation grâce à des ballons de baudruche fixés à des tubes à essai.
Lors de la seconde séance, nous avons monté sur lame puis observé au microscope de la croute de camembert et de la moisissure de roquefort. Nous avions également préparé en amont un frottis de bactéries de yaourt colorées au bleu de méthylène. Cela a été rendu possible grâce à l’aide de l’équipe pédagogique du DER de biologie qui nous a fourni le matériel nécessaire.
Des interactions et un impact réel
Les élèves ne connaissaient ni les matières enseignées à l’ENS Paris-Saclay, ni nos valeurs. Nous espérons avoir ouvert un peu leur regard sur la recherche et les missions de l’ENS Paris-Saclay. Tout au long des séances, nous avons trouvé les élèves intéressés. Les échanges étaient passionnants et nous avons été agréablement surprises par la pertinence de leurs questionnements. Certaines élèves ont, il me semble, été encouragées par l’image féminine de la recherche que nous leur avons donnée et ont formulé leur souhait de devenir des scientifiques. J’en ai été très touchée.
Pourquoi est-ce important ?
La recherche est un milieu qui repose sur la communication, entre chercheurs mais également avec le grand public. Ce sont des métiers qui peuvent sembler très abstraits, même pour des personnes adultes, et particulièrement pour des enfants dont les parents ont des professions qui en sont éloignées. Sensibiliser les élèves lors de telles actions de marrainage, c’est leur donner une chance à tous de découvrir ce qu’est la recherche, leur donner un aperçu concret de ce domaine professionnel et qui sait, peut-être même provoquer des vocations chez certains d’entre eux.
Encore plus pour les filles
C’est également leur montrer que des filles peuvent faire des sciences, qu’elles peuvent entrer dans de grandes écoles de sciences et faire de la recherche leur métier. Il nous tenait à cœur d’inciter les jeunes élèves à suivre leur envie de faire des sciences malgré certains vieux stéréotypes et une image de ce milieu qui est longtemps restée majoritairement masculine.
Une expérience également enrichissante pour les normaliens
Sur un plan personnel, ce marrainage m’a permis de me rendre compte de la difficulté de la vulgarisation : rendre des concepts compréhensibles sans pour autant tomber dans le faux ou la sur-simplification. J’appréhendais de me retrouver devant une vingtaine de paires d’yeux curieux et finalement, j’ai adoré cette expérience. Je remercie les enseignants à l’origine de la mise en place de ce projet. Cela nous a demandé beaucoup de travail et d’investissement, mais si cela était à refaire, je le referais sans la moindre hésitation."